« On essaie de saboter la machine de l’acceptabilité »

Luddites Vs Technologie

« On essaie de saboter la machine de l’acceptabilité »

« On n’arrête pas le progrès ! » C’est ce qui se dit mais certains essaient quand même. Quelques irréductibles n’abdiquent pas et luttent face à l’envahissement des technologies dans nos vies. Les Luddites grenoblois de Pièces et Main d’Œuvre font partie de ceux-là. Depuis l’automne 2000, ils agissent pour la construction d’un esprit critique : enquêtes, manifestations, réunions, livres, tracts, affiches, brochures, interventions médiatiques... Les deux Pièces et Main d’Œuvre nous ont accueillis autour d’un plat du jour, à quelques pas de la gare du centre-ville grenoblois, pour parler des techno-sciences. Et ça fait froid dans le dos.

mercredi 22 février 2017 (Propos recueillis par Clément Goutelle)

/ Illustration Gus

Pourquoi avez-vous lancé Pièces et mains d’Œuvre ?
On n’a pas vraiment lancé Pièces et Main d’Œuvre. À Grenoble, la plupart des gens ne font pas attention à l’endroit où ils vivent. C’est un endroit usé à leurs yeux car tous les endroits se ressemblent. Le centre-ville de Grenoble ressemble à celui de Montpellier qui ressemble à celui d’Aix-en-Provence, donc tu ne vois pas pourquoi tu ferais attention. Il y a une unification du monde. Il n’y a plus d’ailleurs. Après 200 ans d’amélioration des moyens de communication et d’échanges, Internet a transformé le monde en voisinage. Il n’y a plus d’autres, il n’y a plus d’ailleurs. Tu vas à Shanghai, Paris ou New York, il y a une espèce d’uniformisation du monde qui entraîne de l’inattention pour l’endroit où tu vis. Tu peux t’en accommoder en pensant à autre chose, je ne sais pas à quoi d’ailleurs. Ou tu peux en être incommodé. Nous, on est plutôt incommodés.

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United colors. / Illustration Gus

De quelle manière cela vous incommode-t-il ?
Ce décor agit sur toi. Cette transformation de nos conditions d’existence est contraignante et intrusive. On ne l’a pas choisie. On ne nous demande jamais notre avis, on nous explique seulement que c’est bon pour nous.
Personnellement, je me sens harcelé et persécuté par l’invasion du progrès. Certaines gens ont une telle vie intérieure qu’ils ne sont pas affectés par ce qui se passe autour d’eux. Je n’ai pas cette capacité hermétique, de me replier en moi-même, dans mes lectures et mes rêveries. Nous sommes constamment dérangés, sollicités dans notre vie quotidienne. Ce qui fait horreur à l’homme moderne, c’est le silence, la solitude et je dirais l’intériorité. Par contraste l’homme idéal moderne nous est présenté comme un être passif, extraverti et ouvert à toutes les sollicitations. Il doit être de son temps. Ne pas être de son temps est considéré comme la manifestation de la misanthropie.

Pièces et Main d’Œuvre est donc votre réponse à ces agressions quotidiennes...
Notre démarche est de mettre en lumière, le fait que le progrès technologique non seulement n’est pas synonyme de progrès social et humain mais qu’il en est même l’antonyme. On n’a pas de mérite à le dire. Il faut être aujourd’hui sourd et aveugle pour penser que la situation des terriens de 2016 est meilleure que celle des terriens d’il y a 100 ans. On ne parle que de catastrophe à venir, de la nécessité de se préparer au chaos climatique, qui n’est que la pointe émergente de l’effondrement écologique. On ne parle que de « transition ». Mais pourquoi faudrait-il être tout d’un coup en transition alors que l’on est dans le progrès depuis toujours ? C’est bien que le progrès a failli.

Le progrès est-il finalement une agression quotidienne ?
L’évolution est sidérante... Le monde que tu connais à 20 ou 30 ans ne ressemble en rien à celui dans lequel tu es né. Nous sommes tous en situation d’exil au cours de notre vie et je crois que c’est une violence extraordinaire faite à l’humain. Mais on ne s’en rend pas compte. On n’en parle pas. Personne ne prend le temps de se poser ces questions-là. On fait comme si c’était naturel. Les générations précédentes, pendant des millénaires, vivaient dans une forme de stabilité, les évolutions étaient lentes. Le bouleversement perpétuel oblige en permanence à se mettre à jour.
J’ai par exemple grandi dans un monde sans téléphones portables. En dix ans il a fallu basculer. Je n’ai pas suivi et je me retrouve en porte-à-faux avec ce nouveau monde. J’arrive encore à négocier parce qu’il reste des gens qui ont connu le monde d’avant, mais il n’y en aura bientôt plus. C’est ainsi que l’on change de monde : en éliminant les restes de l’ancien et en évitant la transmission. C’est la politique de la table rase permanente et c’est très violent pour l’humain.
C’est une agression psychique et physique perpétuelle que d’avoir à se soumettre sans cesse à de nouvelles conditions d’existence qui te sont imposées par une rationalité extérieure. On te dit : « C’est plus efficace, moins cher et plus pratique. » Mais on ne mesure jamais ce que l’on perd et ce que ça génère comme souffrance ou violence. Sans parler des répercussions écologiques.

« Aujourd’hui, il faut être sérieusement sourd et aveugle pour penser que la situation des terriens en 2016 est meilleure que celle d’il y a 100 ans. »

Y-a-t-il des protestations contre ce progrès perpétuel ?
Les gens protestent par la dépression, la violence, l’alcoolisme, la toxicomanie, etc... On ne vit pas dans des sociétés heureuses. La dépression résulte de l’oppression. Contre l’oppression tu n’as qu’une issue : l’expression. Si tu arrives à mettre des mots sur ce qui te fait souffrir, tu arrives à le mettre à distance. Et en le mettant à distance, tu peux aussi comprendre. Tu commences à cerner les contours de ce qui te fait souffrir ou te révolte. Et si tu commences à comprendre, tu peux commencer à te dire que tu y peux quelque chose.

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Le meilleur des mondes. / SolAnge

N’est-ce pas inéluctable d’aller dans le sens du développement technologique ?
C’est le discours tenu matin, midi et soir. Le hold-up sémantique consiste à dire que le progrès technologique équivaut au progrès social et humain. Mais ça n’a jamais été prouvé. Et l’on nous fait croire que c’est le mouvement naturel des choses ; que ce progrès, on ne l’arrête pas, qu’il n’y a pas d’alternative et qu’ il faut y passer. Or, c’est tout sauf un phénomène naturel. C’est ce que nous tentons de montrer depuis 15 ans dans nos enquêtes, en partant du local, du particulier, du concret, des faits. On montre que derrière il y a des gens - on a donné leur nom, leurs fonctions et les décisions qu’ils prennent. On explique comment « ce phénomène naturel » était en fait extrêmement méthodique.

Et, comment cela a-t-il été possible ?
L’histoire des 200 dernières années, c’est l’histoire de la fusion entre la recherche du profit et la recherche de l’efficacité. Et, à partir du moment où tu peux domestiquer la recherche de l’efficacité au service de la recherche du profit, tu aboutis à une formation sociologique qui est le techno-capitalisme. Il y a sans cesse de nouveaux produits, de nouvelles structures, de nouveaux moyens de communication et d’échange. Avec un objet, est vendu un mode de vie. Et avec ce mode de vie, on vend des rapports sociaux : comment ça va se passer dans l’entreprise, dans la ville, dans la famille, etc... Il y a une fusion entre la classe de la finance et la technocratie qui est la classe de l’expertise. Entre les capitalistes de l’avoir et ceux du savoir. Au fil des décennies, ils ont fini par fusionner. Tu ne peux pas être un bon capitaliste sans maitriser le savoir.
Le capitalisme a été très bien analysé par Marx et les Marxistes dans le Manifeste du Parti communiste, de 1848. Marx et Engels expliquent très bien que la bourgeoisie ne peut pas subsister sans bouleverser constamment le mode de production. C’est normal, puisqu’il faut que tu aies un avantage concurrentiel sur tes rivaux. Donc tu fais de l’innovation. Et tes rivaux se mettent à ton niveau et vont peut-être trouver autre chose. Il faut sans cesse que tu trouves un petit plus, que tu fasses un produit meilleur marché ou plus résistant. Dans ton entreprise ou collectivement dans la société, tu es donc obligé d’entretenir un bataillon d’ingénieurs et de chercheurs qui vont constamment travailler à l’innovation.
L’analyse du capital est impeccable. Elle n’a pas pris une ride au bout de 200 ans et se vérifie un peu plus chaque jour. Mais Marx, dans le manifeste, critique les ouvriers luddites qui s’en prenaient aux machines. C’est là qu’on se sépare de lui.

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Carte postale / PMO

Pouvez-vous revenir sur l’origine du mouvement des Luddites ?
Le luddisme est un mouvement né entre 1810 et 1814 dans trois comtés du centre de l’Angleterre. Les Luddites étaient des maîtres ouvriers, qui travaillaient à domicile. Un négociant vient, leur propose un marché, et après ils bossent seul ou avec la famille et le voisinage. Ils ont des machines qu’ils maitrisent et qui les servent. Ce n’est pas un monde idyllique. Ce sont des rustres. Ils picolent, battent leur femme, ne sont pas forcément sympas avec les gosses et les font travailler. C’est le monde préindustriel avec ses bons et ses mauvais côtés.
Arrive l’industrie. Il y a depuis le Moyen Âge une fierté pour les Anglais d’être des hommes libres, « merry old England » et tout ça. De ce monde qu’ils connaissaient depuis des siècles, qui évoluait lentement et avec leur contribution, ils sont précipités dans l’enfer industriel et capitaliste. Le capitalisme existait avant mais subitement, ça les atteint. Ils ne peuvent plus travailler chez eux et doivent aller à l’usine. Ils ne travaillent plus en communauté. Ils ont des chefs, des horaires. Ils subissent la discipline de fabrique. C’est le bagne. Ils travaillent 18 heures par jour au début. On embauche essentiellement les femmes et les enfants, parce qu’ils sont plus dociles et plus souples pour les tâches qu’on leur demande. D’autre part, il s’agit de fabriquer de la merde, de la camelote. Alors que ces maîtres-ouvriers avaient la fierté du travail bien fait.
Donc ils se révoltent. Toute la population est dans le coup. Les femmes, les hommes, les jeunes, les vieux, les activistes. On sait qu’y participent aussi des Jacobins, des révolutionnaires à la française, et puis nombre de membres de sectes religieuses, parce que ce sont des endroits où l’on apprend à débattre et où l’on s’écrit beaucoup. Tout ce mouvement dit luddite, sévit pendant trois ou quatre ans. Les industriels reçoivent des lettres comminatoires qui leur disent : « A moi Général Ludd, il me revient aux oreilles que vous avez installé ces détestables métiers mécaniques dans votre fabrique. Je vous somme de les supprimer sinon j’envoie mes troupes les détruire, etc... ». Et effectivement, pendant trois ou quatre ans, les Luddites chevauchent la nuit et vont détruire les machines, jusqu’au moment où on leur envoie l’armée.
Le Général Ludd n’existe pas. Et ce qui est surprenant dans l’histoire des Luddites, c’est qu’au début, quand la police recherche les meneurs ou les activistes, elle ne peut mettre la main dessus parce qu’ils sont comme un poisson dans l’eau. Toute la population les couvre. Elle est partie prenante. Jamais personne ne lâche le morceau, jamais. Il faudra que les autorités punissent le bris de machine de pendaison et de déportation en Australie pour casser le mouvement.
Dans le manifeste communiste, Marx revient sur la révolte luddite. Les ouvriers, dit-il, commettent l’erreur de briser les machines et de saboter la marchandise. Alors que, selon lui, la machine n’est pas l’ennemie de l’ouvrier. D’après Marx, il faut s’emparer des moyens de production et d’échanges pour éliminer les capitalistes et travailler pour notre propre compte. Il faudrait faire tourner les moyens de production à notre profit : se réapproprier Internet, les centrales nucléaires, les plateformes chimiques...

« Tout le monde ne parle que de transition. Mais pourquoi faudrait-il être en transition tout d’un coup alors que l’on est dans le progrès depuis toujours ? C’est bien que le progrès a failli. »

Et, cette idée de réappropriation de la technologie n’est-elle pas envisageable ?
Dans l’idée de réappropriation des machines, il y a l’idée de suppression de la hiérarchie. Mais si on supprime la hiérarchie dans une centrale nucléaire on va avoir de gros problèmes. Il faut des ingénieurs, des gens qui savent... On ne gère pas ça en assemblée générale. La technologie est inséparable de la division du travail. Tu ne peux pas développer l’industrie, et au-delà de l’industrie, tu ne peux pas développer la technologie sans diviser le travail parce que tu ne peux pas être expert en tout. Il faut donc des ingénieurs, des techniciens, des financiers... Et chacun connait presque tout sur presque rien. D’autre part, ces équipements présentent la caractéristique d’être complexes et dangereux. Il faut donc aussi une police qui garde les accès et qui surveille ce qui se passe là-dedans.
En admettant que l’on élimine le capital privé, comme le voulait Marx, on aboutit en gros à la situation de l’URSS et de ce qu’on a appelé le camp socialiste où la classe technocratique possède en indivision les moyens de production et d’échanges et fait travailler les ouvriers pour elle. Il y a toujours de la plus-value. Simplement, au lieu d’être redistribuée individuellement, elle est versée au pot commun de la classe supérieure qui se paie en position hiérarchique, en avantages en nature, avec des magasins et hôpitaux spéciaux. L’expérience a été tentée et en gros, en termes de productivité, ça marche moins bien que le capitalisme libéral, parce que chaque membre de la hiérarchie supérieure préfèrerait que son activité lui profite à lui, individuellement.

Et, maintenant il y a le mythe de la start-up...
Depuis les années 80, les start-upeurs, les self-made men, sont héroïsés. On les encourage à monter leur « boîte ». Avec toute leur aura de pionniers, d’aventuriers, ils sont extrêmement encadrés. Ces gens font les mêmes études, ont les mêmes valeurs, la même culture et ils ont le pouvoir de décider ce qu’on va faire de ce monde.

Les start-up ne créent pourtant que très peu d’emplois…
Le chômage est une bénédiction pour l’industriel, puisque l’ouvrier vend aussi une marchandise, sa force de travail. S’ il y a beaucoup d’offre de force de travail, l’ouvrier est obligé de baisser les prix. La machine est donc sa concurrente. Elle fait pression sur les salaires.

On entend parfois le terme de néo­-luddites. Aujourd’hui, doit-on parler de luddites ou de néo-luddites ?
Pourquoi néo ? La tradition luddite s’est perpétuée sur le continent ensuite. Tout au long du XVIIIème, il y a eu des révoltes de type luddite avec bris de machines, notamment dans la région. Les luddites anglais c’est simplement l’épisode inaugural.
Les luddites ont toujours été minoritaires et ont toujours perdu. La masse des gens se soumet au perpétuel bouleversement de son mode de vie, elle s’adapte. C ’est extraordinaire à quel point elle est malléable. Les gens sont capables de tout encaisser. Tu te dis : « Mais à quel moment ça va s’arrêter ? »
Une partie minoritaire mais motrice adhère et adore. Tous ces technophiles qui s’implantent des puces RFID pour communiquer avec leur voiture, leur maison. Il y a une part d’aliénation évidente due à la propagande. Quand tu vois des files de 300 mètres devant le magasin Apple pour acheter le dernier iPhone, tu te dis que la manipulation mentale va loin. Arriver à faire faire ça à des gens qui ont un cerveau en état de marche...
Une part de la population se dit « autant s’éclater avec, c’est fun ». Ce qui est vicieux c’est qu’on vise toujours les jeunes. Ils n’ont pas connu l’avant et ne peuvent donc pas voir ce qu’on a perdu. Et ils sont peut-être plus malléables.
Il y a 10 ans de ça, on avait assisté à une conférence d’une personne du CEA, à la Fnac, à propos du téléphone portable et il disait : « On vise principalement les jeunes et on sait qu’ils vont adhérer. » Il y a un cynisme absolu qui est de cibler les plus vulnérables.


« C’est une agression psychique et physique perpétuelle que de se soumettre à de nouvelles conditions d’existence que tu n’as pas choisies »

Les lunettes à réalité augmentée ont valu quelques agressions à San Francisco notamment. Est-ce que l’on atteint un point critique, une limite que les gens ne sont pas prêts à dépasser ?
Il y a toujours des réticences initiales. Des échecs sporadiques. Les spécialistes les théorisent et comptent sur le groupe de la population, aussi minoritaire que nous, qui est « pionnier ». Il y a deux minorités : les réfractaires et ceux qu’ils appellent les pionniers. Mais eux, sont moteurs et prescripteurs.

Mais pourquoi le « progrès » fait-il autant fantasmer ?

On nous a convaincus qu’il fallait vivre avec son temps. Un temps destiné à changer. Le monde bouge sans cesse et tu ne veux pas être largué. Ni un ringard. C’est une malédiction d’être un ringard. Il faut beaucoup de personnalité pour être un ringard, surtout à 18 ans. Pour trouver un boulot, t’insérer dans la société... C’est compliqué de dire à tes copains que tu n’es pas sur Facebook ou Twitter. Mais c’est difficile aussi à 40 ans d’ailleurs.
Un des effets sociaux de l’innovation perpétuelle, c’est que jusqu’aux années 60 la transmission se faisait des anciens vers les enfants. Il y avait une valorisation du savoir ancien. A partir des années 60, il y a inversion de la transmission. Ce sont les jeunes qui deviennent prescripteurs et qui éduquent les vieux. Maintenant ce sont les petits enfants qui réduisent la fracture numérique de pépé. Ils éduquent leurs parents et grands-parents qui sont super fiers d’être aussi doués que leurs enfants.
Tout ça obéit au dogme selon lequel il faut vivre avec son temps. C’est de l’ordre de l’évidence. Cela va de soi. D’où la force de ces innovateurs qui disent : « Il faut quand même que la ville bouge. Il faut que l’on ait un projet. » Mais pourquoi faudrait-il que l’on ait un projet ? On ne peut pas juste nous foutre la paix et nous laisser vivre ? C’est contradictoire avec l’idée égalitaire, libertaire et toute notion de fraternité. Et on n’a toujours pas abordé l’environnement... (Rires)

Est-ce qu’il n’y aurait pas des choses à sauver dans la technologie ?
La technologie forme un système, avec des aspects positifs et négatifs liés indissolublement. Comme l’avers et le revers de la médaille. Il n’y a pas d’exemples où tu peux garder une partie et refuser l’autre. Prenons l’informatique qui est un méta-système, celui qui unifie tous les sous-systèmes. Que veux-tu jeter dans l’informatique pour n’en garder qu’un bout ? Il faut des câbles sous-marins, des data centers, de l’électricité pour que ça marche... tout est lié.

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Carte postale / PMO

Y-a-t-il un mouvement luddite organisé en France ?
Il y a sans cesse des mouvements mais les actions sont fugitives. Notre histoire depuis 200 ans, d’un point de vue luddite, c’est une histoire de défaites à peu près ininterrompues. On subit sans cesse des défaites stratégiques et on enregistre quelques victoires tactiques. Mais les victoires sont sans lendemain et les défaites sont perpétuelles.
Des Luddites tu en as tout le temps. Les Zadistes sont des Luddites. Les anti nucléaire des années 70 sont des Luddites. Les faucheurs d’OGM sont des Luddites. Mais ce sont des gens qui perdent.
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[Découvrez l’intégralité de cet article dans le numéro 5 de Barré]

Propos recueillis par Clément Goutelle
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« Après 200 ans d'amélioration des moyens de communication et d'échanges, Internet a transformé le monde en voisinage. Il n'y a plus d'autres, il n'y a plus d'ailleurs. »
« L'évolution est tellement rapide... Le monde que tu connais à 20 ans ou 30 ans ne ressemble en rien à celui dans lequel tu es né. Nous sommes tous en situation d'exil au cours de notre vie et je crois que c'est une violence extraordinaire faite à l'humain. »
« Les gens protestent par la dépression, la violence, l'alcoolisme, la toxicomanie, etc. On ne vit pas dans des sociétés heureuses, équilibrées et paisibles. »