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De Headwar au Parti sans cible, l’épopée Usé - Barré

De Headwar au Parti sans cible, l’épopée Usé

De Headwar au Parti sans cible, l’épopée Usé

Quand l’Accueil Froid, salle de concerts de la ville de la brique, permettant à toute une troupe de groupes d’Amiens et d’ailleurs de pouvoir ‘‘envoyer la sauce’’ se voit fermer de manière expéditive, forcément ça donne une bonne excuse pour se regrouper, mettre ses plus belles lunettes de soleil et se lever pour aller dynamiter les élections municipales. Rencontre avec Nicolas Belvalette alias Usé, tête de liste du Parti sans cible et membre dʼHeadwar, et deux de ses colistiers cofondateurs du parti, Olivier Louis et Leïla Charene.

jeudi 10 septembre 2015 (Romain Siergie)

« On a meublé en créant un parti politique. »

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Une autre affiche de la campagne du Parti sans cible. / Parti sans cible.

Amiens est la ville de la brique et de Jules Verne, mais elle est aussi celle des Headwar et de bien d’autres groupes (Merde Fantôme, John Makay, Petra Pied de Biche, les Suce Pendus, etc), où chaque musicien semble avoir dix projets différents. Nicolas Belvalette dit Usé fait partie de ceux-là : « Headwar est un groupe formé en 2004 par Carine, Fabien, Jason et moi. Il y a eu plusieurs membres dans ce groupe et aujourd’hui il y a Carine, Romain, Claire et moi. Pour le style musical, je dirais qu’on fait du ‘‘Nuke’’, un style inventé dans les années LXXXDUS (80dus). Ensuite il y a eu les Morts Vont Bien, un groupe qu’on a monté en 2008 avec
Carine après s’être fait rouler dessus par une voiture dans un camping pendant qu’on dormait bourrés. Et après j’ai commencé Usé, mon projet solo. Ça peut ressembler à du Headwar mélangé aux Morts Vont Bien, avec beaucoup de ‘‘Nuke’’. » Amiens, jusqu’à peu, cela ne signifiait rien pour moi, si ce n’est le froid et les blagues pourries sur les Picards. « Amiens c’est un peu comme Detroit je trouve... mais je n’ai jamais mis les pieds à Detroit », confie Nicolas Belvalette. Plusieurs fois j’avais entendu le nom d’Accueil Froid, une salle de concert autogérée, où s’enchaînaient les concerts de soir en soir avec une entée à 3 euros : « L’Accueil Froid, c’était rien pour Amiens, mais pour nous c’était tout. On est en train de réouvrir un lieu qu’on appellera ‘‘Nuke’’. » Après diverses embrouilles et la fermeture du lieu, il a fallu réagir. Ainsi commença l’aventure du Parti sans cible lors des municipales de 2014 à Amiens : « Ça a commencé après la fermeture de notre salle et un tas de poubelles non ramassées par les éboueurs. On se faisait chier depuis la fermeture de l’Accueil Froid alors on a meublé en créant un parti politique. » Cofondatrice du parti, Leïla Charene revient sur la création de cet étrange mouvement : « Lors d’une soirée, Usé m’a demandé l’air de rien ‘‘Ça te dit qu’on s’inscrive comme candidats aux élections municipales ?’’ Je me suis dit que c’était pas tous les jours qu’on avait l’occasion de vivre une telle aventure ! »

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Nicolas Belvalette alias Usé. / photo DR.

Une campagne pleine d’humour et de second degré

Commençant seulement deux mois avant les municipales et, dès le début, faisant une campagne pleine d’humour, de provocations, de parodies grinçantes et de second degré mêlant Coluche, Groland et les Monty Pythons, ils ont surpris et n’ont pas fait l’unanimité au sein des politiciens-marathoniens en campagne. Avec des propositions comme « Créer des lignes de trams en zigzag afin de ne pas perturber les personnes en état d’ébriété » ou « Acheter une DeLorean pour pouvoir revenir sur nos erreurs »... (voir liste en fin d’article), le Parti sans cible donne le ton. Mais attention s’il utilise l’humour, « ça n’a jamais été une blague, juste une expérience et un espoir de se faire entendre et de faire chier », glisse Nicolas Belvalette. Intrigués, on se demande forcément comment les Amiénois et les autres partis politiques, ont réagi aux vidéos, affiches et autres passages radios décalés et humoristiques, venant d’un groupe formé par des gens de la ville qui habituellement ne sont pas mis en avant. « Disons que Brigitte Fourré (UDI) a tenté
une récupération politique sur notre première vidéo, on lui a collé une de nos vidéos ‘‘Tel maire, tel fist’’ sur son mur Facebook. Elle n’a plus fait de commentaires après. Par contre les autres ont réagi de différentes façons selon leur couleur politique. J’ai bien aimé le candidat Lutte Ouvrière, qui a dit de nous en plein débat ‘‘C’est facile de se moquer des immigrés et des ouvriers’’ ce qui montre à quel point il connait son sujet. Débat auquel nous n’étions dʼailleurs conviés que sous la forme d’un reportage, sous prétexte que nous aurions été déstabilisés par ces ‘‘professionnels de la politique ’’. Il fallait voir le niveau du débat... », détaille Olivier Louis.

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Les résultats. / capture d'écran.

Principale difficulté : « Constituer une liste de 55 personnes. »

D’abord pris pour des rigolos par les autres partis, la donne va vite changer. Le caillou pointu dans la chaussure des partis dits ‘‘sérieux’’ était né. Un parti pour faire rire et pour faire chier, comme le souligne Leïla Charene : « Je pense que pas mal de partis n’ont compris que sur le tard qu’on était réellement candidats et que ça n’était pas juste une blague, donc certains n’ont pas dû s’y intéresser, d’autres y ont vu un truc original qu’ils pouvaient éventuellement récupérer pour le deuxième tour, mais on a donné aucune consigne de vote pour le deuxième tour. On a dû bien faire marrer les journalistes amiénois. » Le Parti sans cible est né non sans mal : « La principale difficulté a été de constituer une liste de 55 personnes avec la parité respectée. Ça voulait donc dire récolter les papiers justificatifs de chaque personne (identité, justificatif d’inscription aux impôts ou sur les listes électorales de la ville) en un temps très limité. Bref un bordel monstre, il y en avait partout. On a eu presque envie d’arrêter. Oui, mais non ! »
... Reste à découvrir 60% de cet article.
[Découvrez l’intégralité de cet article dans le deuxième numéro de Barré]

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La double-page d’introduction de la version papier de l’article sur le Parti sans cible. A lire dans le Barré n°2 ! / Barré mag.
Romain Siergie
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« L’Accueil Froid, c’était rien pour Amiens, mais pour nous c’était tout. »
  • Affiche de la campagne d'Usé.

    Affiche de la campagne d’Usé.

    photos : / Parti sans cible.
Usé fait partie du groupe Headwar.

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